RWANDA - Actualité (1990-1996)

RWANDA - Actualité (1990-1996)
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République rwandaise

Le 1er octobre 1990, des rebelles venus d’Ouganda, où ils vivent en exil depuis des années, envahissent le nord-est du Rwanda. Regroupés au sein du Front patriotique rwandais (F.P.R.), ces rebelles sont des réfugiés d’origine tutsi (9 p. 100 de la population rwandaise). Ils cherchent à reprendre aux Hutu (90 p. 100 de la population) le pouvoir dont ils ont été chassés en 1959 après des massacres ethniques. Les 4 et 5, à la demande du président Juvénal Habyarimana, à la tête de l’État depuis 1973, Bruxelles et Paris envoient des parachutistes pour assurer la sécurité et l’éventuelle évacuation de leurs ressortissants. Le 26, les chefs d’État du Rwanda, du Zaïre, de l’Ouganda et du Burundi, réunis à Gbadolite au Zaïre, décident la mise en place d’une force d’interposition, chargée de surveiller l’application du cessez-le-feu qui a été accepté par les 2 parties.

Le 23 janvier 1991, les rebelles du F.P.R. parviennent à prendre le contrôle de Ruhengeri, une des principales villes du pays. Le 24, l’armée rwandaise reprend la ville et refoule les agresseurs vers l’Ouganda.

Le 29 mars, le gouvernement et les rebelles du F.P.R. signent, sous l’égide de l’O.U.A., un accord de cessez-le-feu.

Le 14 juillet 1992, après 21 mois de guerre civile, un nouvel accord de cessez-le-feu est signé en Tanzanie entre le gouvernement rwandais et les rebelles du F.P.R. Placé sous la surveillance d’observateurs étrangers, il doit entrer en vigueur le 1er août, et les négociations de paix doivent commencer au mois d’août.

Le 1er février 1993, la Fédération internationale des droits de l’homme dénonce les violences dont sont victimes les Tutsi. Le gouvernement admet que les violences tribales ont fait 300 morts en janvier. Le 8, le F.P.R. lance une nouvelle offensive dans le nord-ouest du pays. La France envoie des renforts (400 soldats français stationnent déjà dans le pays).

Le 4 août, à Arusha (Tanzanie), le président Habyarimana et le chef du F.P.R. Alexis Kanyarengwe signent un accord de paix.

Le 6 avril 1994, le président Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira meurent dans un accident d’avion près de Kigali, alors qu’ils revenaient d’un sommet consacré aux conflits ethniques qui déchirent leurs pays. Le 7, le Premier ministre Agathe Uwilingiyimana, Hutu du Sud et opposante au président, est assassinée. Kigali devient le théâtre de véritables scènes de massacre entre Hutu et Tutsi, qui s’étendent progressivement à l’ensemble du pays, causant la mort de dizaines de milliers de personnes.

Le 17 mai, tandis que des combats meurtriers opposent les rebelles tutsi du F.P.R. aux Forces armées rwandaises (F.A.R.) soutenues par des milices hutu, l’O.N.U. autorise l’envoi d’une Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar) forte de 5 500 casques bleus, dont le caractère reste strictement humanitaire. Le secrétaire général de l’O.N.U., Boutros Boutros-Ghali, condamne le peu d’empressement des États membres à participer à la Minuar. Le 27 commence l’évacuation des premiers civils de la capitale.

Le 22 juin, dans l’attente de la mise sur pied de la Minuar, l’O.N.U. autorise la France à conduire une opération humanitaire d’une durée de 2 mois au Rwanda. Cette initiative de Paris, au nom du droit d’ingérence, ne résulte de la demande d’aucune partie au conflit. Approuvée en Europe et aux États-Unis, elle est critiquée par la Minuar, l’O.U.A. et, surtout, le F.P.R. – la France est déjà intervenue entre 1900 et 1993 pour soutenir le régime du président Habyarimana. Le 23, les premiers soldats de l’opération Turquoise, qui en compte 2 500, basés au Zaïre, pénètrent au Rwanda. Le F.P.R. déclare tolérer l’opération française tant qu’elle demeure humanitaire. Le 30, la Commission des droits de l’homme de l’O.N.U. publie un rapport qui évalue à 500 000 morts le bilan des massacres qui auraient été «programmés» et qu’il qualifie de «génocide». Le 4 juillet, les forces du F.P.R. investissent Kigali. Le 5, les responsables français de l’opération Turquoise décident de créer, dans le sud-ouest du pays, une «zone humanitaire sûre» (Z.H.S.) qui doit servir de refuge aux civils qui fuient les combats et les massacres. Le 17, le F.P.R. conquiert Gisenyi, dernier bastion des F.A.R. à la frontière zaïroise. Après quelques incidents avec les forces françaises, le F.P.R. décide de ne pas chercher à s’emparer de la Z.H.S. Le 18, il proclamera sa victoire militaire totale et décrétera un cessez-le-feu.

Le 17 juillet également, le F.P.R. nomme un nouveau président de la République, Pasteur Bizimungu, d’origine hutu mais membre du mouvement tutsi. Le 19, le gouvernement d’union nationale dirigé par un Hutu membre du Mouvement démocratique républicain (M.D.R., opposition hutu modérée), Faustin Twagiramungu, prête serment. Le chef de l’Armée patriotique rwandaise (A.P.R.), Paul Kagamé, devient ministre de la Défense et vice-président; le président du mouvement tutsi, A. Kanyarengwe, est nommé vice-Premier ministre. Le 20, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (H.C.R.) annonce l’ouverture d’un pont aérien afin de tenter de maîtriser l’épidémie de choléra qui cause bientôt des milliers de morts dans les camps de réfugiés situés au Zaïre, à la frontière rwandaise. Le 22, les États-Unis lancent, dans le même but, l’opération humanitaire Soutenir l’espoir.

Le 21 août, à l’issue de leur mandat, les derniers soldats de l’opération Turquoise quittent le pays. Ils sont progressivement remplacés par les casques bleus africains de la Minuar. Le nouveau gouvernement encourage les rapatriements, mais les soldats des anciennes F.A.R. dissuadent les réfugiés, hutu pour la plupart, de rentrer au Rwanda.

Le 6 avril 1995, le procès des responsables du génocide s’ouvre à Kigali, pour être aussitôt ajourné. Quelque 30 000 personnes sont inculpées et incarcérées. Les 22 et 23, l’A.P.R., qui devait contraindre les réfugiés du camp de Kibeho, situé dans l’ancienne Z.H.S., à rentrer chez eux, ouvre le feu. Le bilan s’élève à plusieurs milliers de morts. Le rapport d’une commission internationale d’enquête publié le 19 mai ne retient que la responsabilité de l’A.P.R., et non celle du gouvernement. Il reproche également à la Minuar de n’avoir pas mis fin aux activités des nombreux extrémistes hutu qui étaient abrités dans ce camp.

Le 16 août, l’O.N.U. suspend pour un an l’embargo sur les ventes d’armes au Rwanda, instauré en mai 1994 à l’encontre de l’ancien régime hutu. Le 19, le Zaïre commence à rapatrier de force les réfugiés rwandais et burundais stationnés sur son sol. Kinshasa suspend les expulsions le 24 après avoir obtenu du H.C.R. la garantie de la reprise de la campagne de retours volontaires – qui aura toutefois peu de succès.

Le 28 août, sur proposition du chef de l’État, le Parlement désavoue le Premier ministre qui dénonce le non-respect des accords d’Arusha qui organisaient le partage du pouvoir. Le 29, 4 ministres, dont 3 Hutu, sont limogés. Le 31, le président Bizimungu nomme au poste de Premier ministre Pierre-Célestin Rwigema, membre du M.D.R. auquel il revient de désigner le chef du gouvernement. Le vice-président A. Kanyarengwe devient ministre de l’Intérieur. Le 11 septembre, une patrouille de l’A.P.R. attaquée par des miliciens hutu, à Kanama, près de la frontière zaïroise, se venge sur la population, faisant plus d’une centaine de morts. Le 5 novembre, l’A.P.R. mène une vaste opération contre un camp de miliciens hutu et d’anciens soldats des F.A.R. situé à la frontière zaïroise.

En mars 1996, les dernières forces de la Minuar quittent le pays. À partir de septembre, la rébellion des Tutsi banyamulenge dans l’est du Zaïre, que Kinshasa accuse Kigali de soutenir, provoque l’exode massif des 500 000 Hutu, rwandais pour la plupart, réfugiés dans cette région depuis la prise du pouvoir par le F.P.R. au Rwanda, en juillet 1994. À partir du 15 novembre, ces réfugiés commencent à regagner en masse le Rwanda.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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